C'est une interprétation avec les yeux anti-capitalistes du XXIe siècle, mais ce n'est pas exact au XIXe.tyrphon a écrit : 29 janv. 2025 20:53 Si je comprend bien, et pour simplifier, voire caricaturer un peu, les premiers CF secondaires de l'Aisne furent le fait de puissants industriels et gros agriculteurs, sans plan d'ensemble pour le département. Ce n'est que par la suite que des réseaux à voie métrique comme l'étoile de Soissons ou celle de Château-Thierry(*) ont été crées pour compléter le maillage.
Ce n'était pas le cas de beaucoup de départements plus ruraux et plus pauvres, où un réseau départemental était décidé par le Conseil Général pour desservir les sous-préfectures et chefs lieux de cantons et ainsi "désenclaver" des campagnes reculées, avec un plan d'ensemble plus lisible.
Dans la mesure où les gros agriculteurs et industriels étaient aussi conseillers généraux (et souvent maires), il y aurait ce qu'on appellerait aujourd'hui des "conflits d'intérêt", mais ils étaient aussi les pourvoyeurs d'emplois autour de leurs industries.
Ne pas oublier qu'entre 1865 (loi Migneret) et 1880 (loi Freycinet) il n'y avait aucune garantie de rendement du capital investi "aux risques et périls du concessionnaire", et souvent aucune subvention départementale, ou modeste. Ce qui fit que cette loi n'eut que peu de succès.
Ainsi le SQG, le VBSQ, le CLF... à voie normale ont éte lancés avant 1879 comme affluents du grand réseau pour écouler leurs productions, et recevoir les matières premières nécessaires, mais aussi permettre de bonnes dessertes voyageurs avec des trains spécifiques (pas de MV !).
On notera qu'à l'exception des extensions autour de la ligne de St-Quentin à Guise, vers Vendeuil (1898) et La Ferté-Chevresis (1900), puis vers Ham (ouverture 1910, par la CDA et non le SQG), ainsi que la ligne isolée du Marle - Montcornet (1900), le réseau Freycinet sera uniquement à voie métrique, même si quelques lignes furent converties ensuite à la voie normale par les allemands durant la WW1.
Notez aussi plusieurs concessionnaires (Cambrésis, ILNF, CBR, CDA, CSA, TTAP) et non le groupe d'un seul pour tout le département (cf. Jeancard, Baert-Verney, Laborie... voire CFD ou SE tentaculaires)
Ces entrepreneurs locaux ont donc su concilier leurs intérêts avec l'intérêt général, dans une forme de paternalisme mais aussi la volonté de développer la région dans l'intérêt commun... Ce qui ne peut que détoner avec nos élus du XXIe siècle ... !
Ils ont tracé un réseau de prospérité pour les villes et villages desservis, en tenant compte d'un relief pas toujours facile des plateaux entaillés par de nombreuses vallées..
Le Conseil général de 1895 a acté un "réseau complémentaire" qui tiendra jusqu'au bout, avec les dernières concessions de 1927.
J'ai cette carte, issue d'une vente sur D*, dont je n'ai que cette mauvaise copie (si quelque lecteur a mieux !) sur un projet de réseau à voie métrique, dont le Cambrésis, ce qui la situerait entre 1880 et 1890, soit dans l'immédiat après-publication de la loi Freycinet sur les cdf d'IL.
Autant dire que nos élus n'ont vraiment pas chômé pour se saisir de l'opportunité de la garantie de capital alors nouvelle ! J'ai aussi cette carte de 1895 avec les projets sous forme de fuseaux, déjà plus aboutis, dont beaucoup seront réalisés.
On notera les nombreux projets entre Guise et Hirson, finalement attribué au Nord... en voie métrique, dont les discussions ont été homériques quant à suivre le cours de l'Oise ou pas... ainsi que d'interminables débats sur la desserte de la Thiérache.
On notera aussi, contrairement à d'autres départements, qu'ils avaient prévus des lignes débouchant sur les départements limitrophes !