Philippe,
Avant toutes choses de rien, si cela peut aider, cela me fait autant plaisir
On peut diluer une AE à l'eau, éviter l'eau du robinet même si cela reste bon marché et tentant, mais l'eau du robinet est très variable suivant nos régions, et contient chlore, des ions de métaux lourds, des matières organiques, etc qui peuvent interférer avec la chimie de nos peintures, et surtout le calcaire qui peut ruiner une peinture au séchage.
On peut donc diluer des AE à l'eau déminéralisée ou distillée, bon la différence n'est pas énorme, l'eau déminéralisée suffit normalement. Mais, l'eau est un très mauvais solvant face aux surfaces hydrofuges ou hydrophobe, et elle a une très mauvaise tension de surface. Ce qui ne facilite pas la peinture de nos matières non poreuses et donc l'accroche de la peinture, celle-ci va perler...
Tous les diluants du commerce pour les AE sont à base d'eau distillée (environ 50%), d'alcool primaire ou secondaire et de fluidifiant ou retardant dans des pourcentages donnés et précis, souvent des esters de glycol, parce que les AE sèchent quasi instantanément ! Donc les diluants du commerce évitent ce phénomène de tension de surface, grâce à la présence des alcools et esters de glycol et ainsi facilitent leur pulvérisation dans l’aéro et évite le fameux « cloging » ou colmatage d’aiguille en français…
Perso, je recommande toujours d'utiliser le diluant de la marque. Certes c'est un poil plus cher que l'eau seule, mais cela évite les déboires et mauvaises surprises.
Chaque marque à son diluant, forcément, mais qui ne sont pas compatibles forcément entre elles.
Comme dit plus avant, il y a deux grandes familles de peinture AE, les peintures en émulsion (water emulsion) ou hydrodiluable en bon chimiste, ou les peintures en solution (water soluble) ou hydrosoluble toujours en bon chimiste. Elles n’ont pas le même processus de séchage. Les premières sèchent par évaporation de solvant ici l’eau et co-solvants organiques (elles ne contiennent quasiment plus de co-solvants organiques, moins de 2 à 3%, c’est ce qui les rend les moins toxiques du marché) et ensuite coalescence, c’est-à-dire coagulation des particules de résines entre-elles.
Les secondes sèchent uniquement par évaporation de solvant (eau et co-solvants organiques, qui eux sont en revanche présents jusqu’à 30 à 40%, ce qui explique aussi leur plus grande facilité à l’aéro, mais en fait si on dilue avec le bon diluant, tout se passe bien). Je travaille avec ces peintures avec la buse la plus fine du marché soit une 0.15 et je n’ai jamais de problème de bouchage de buse. Mais je travaille aussi à des pressions très faibles. En moyenne je suis à 1 bar de pression, mais je peux descendre à 0.5 bar, ou être entre 0.7 et 0.8 bar pour des effets particuliers. Pourquoi, parce que cela évite aussi d’assécher prématurément les peintures et d’obtenir une peinture en « peau de pêche » ou « peau d’orange »…plus tu es loin de ton modèle, plus la peinture arrivera presque « sèche » dessus. Il faut des passes légèrement « mouillées » à faibles pression, mais cela dépend aussi de la dilution et de la buse. Et cela permet aussi de pulvériser entre 3 et 10cm grand max, la peinture arrive ainsi « mouillée » sur le support mais pas trop, pour éviter les coulures…
Plus la buse sera fine, plus la dilution sera grande et inversement. Mais attention, les AE se diluent à maxi 25% / 30% en moyenne pour les émulsions, mais les dernières générations supportent des dilutions à 50% et de 50 à 100% pour les solubles. Mais de tels taux ne se justifient pas toujours, plus la peinture est diluée, moins la peinture est résistante. Il vaut mieux ainsi faire des passes légères de 4 à 5 couches voire plus. 25 à 30% est une bonne moyenne donc pour les émulsions. Soit 1 part de diluant pour 4 parts de peinture ou 1 part de diluant pour 3 parts de peinture. Pour les solubles, une dilution à de 25 à 50% en moyenne suffit également amplement. Soit 1 part de diluant pour 4 parts de peinture ou 1 part de diluant pour 2 parts de peinture. Pas oublier, une dilution à 50%, n’est pas une dilution à 50 / 50 comme on peut le lire un peu partout…50 / 50 équivaut à dire je prends une part de diluant pour une part de peinture, soit un rapport de 1 :1, soit une dilution à 100%. Prenons comme exemple une quantité total de 10ml de peinture diluée. Vous allez prendre pour avoir un mélange à 50 / 50, soit moitié / moitié, 5ml de diluant pour 5ml de peinture, ce qui fait bien au total 10ml, mais une dilution de la peinture à 100%. Ce qui explique les déboires de certains amateurs avec certaines AE…surdiluées !
Sur la conservation, j’ai des peintures Tamiya qui ont plus de 30 ans, et aucun souci à partir du moment ou les bouchons sont correctement serrés. D’autres part, le contenant est aussi important, les flacons en verre ne laissent pas passer les solvants, contrairement au plastique.
Enfin, sur les couleurs, pour tes mélanges, je te conseille d’utiliser le cercle chromatique, ou color wheels, on en trouve chez tous les bons revendeurs d’aérographes, ou dans les magasins d’arts graphiques. Elle va te permettre de mieux comprendre le principe des couleurs et autre mélange pour obtenir une teinte donnée.
On trouve des nuanciers pas trop chers sur le marché (Amazon, etc..), pour une trentaine d’euros, les nuanciers normalisés sont nettement plus chers mais ne servent à rien pour nous en réalité, parce que les peintures de nos fabricants de peinture modèles ne sont pas conformes à ces normes RAL DIN, Pantone, etc…Dans le domaine du ferroviaire, AMF87, Decapod et Interfer font des contretypages des nuanciers SNCF des années 50 à nos jours sur la base des nuanciers officiels de la compagnie. Les couleurs des anciennes compagnies, là plus compliquées, le contretypage se fait au plus près en s’alignant sur les teintes des anciennes compagnies suivant les documents qui existent, autrefois, France Trains avait édité une liste des couleurs des anciens réseaux. Idem pour les CFD.
Le contretypage des teintes par un amateur est très compliqué. Les professionnels ont désormais des scanners qui permettent de déterminer la couleur et de la reformuler ensuite avec les différentes nuances de peintures. Pour nous modélistes amateurs c’est inaccessible.
Les couleurs exactes en modélisme sont un leurre ou un mythe, au choix. On en a parlé récemment dans un autre fil avec Bernard Marchand, les couleurs peuvent être en RGB ou CMNJ, il faut calibrer ta carte graphique de PC, ton écran, et de manière régulière, et il faut pour cela aussi des appareils. On peut faire une calibration de base mais elle est rarement correcte. Quant à la prise de photos de modèles réels quand il existent encore, au-delà de l’exactitude de la couleur utilisée par l’association qui a préservé et restauré la loco, il faut aussi régler la balance des blancs des appareils numériques, sans compter qu’il faut aussi tenir compte de la lumière naturelle, de l’épaisseur de l’air et donc de la distance à laquelle tu prends tes photos, etc…relis le topo dans le fil de Bernard sur la peinture de son Berliet.
Ce que j’ai fait dernièrement à l’APPEVA (ils tournaient un film de fiction pour le cinéma qui doit sortir en 2023 sauf erreur), les décorateurs ont du repeindre des fourgons Pershing, et ils merdouillaient sévère pour trouver la bonne couleur. J’étais présent par le plus grand des hasards pour relevés les cotes d’un volant de frein de Pershing justement…L’association avait un nuancier Pantone. J’en ai parlé, l’association a sorti son nuancier et je leur ai dit, aller vous mettre à coté avec le nuancier du fourgon à l’extérieur et regarder sur le nuancier la couleur qui correspond le mieux, et ensuite prenez la couleur référencée sur le nuancier. C’est pour moi la meilleure méthode et la plus simple, encore faut il avoir un nuancier. Malheureusement, les nuanciers normés précisés plus avant, ne correspondent pas à nos couleurs pour maquettes hormis les artisans pré-cités, quand au CFD, seuls AMF87 et Interfer ont quelques teintes contretypées, et pas toutes. Si vous utiliser des Tamiya, Gunze Mr Hobby, Vallejo, etc, il faut contretyper soit même...Seul AK Interactive a sorti les Real Color qui sont des acryliques à solvant, qui sont contretypés sur les les RAL DIN, FS, BS mais pour le militaria...
Dans mon ancienne vie professionnelle avec les architectes décorateurs ou pas d’ailleurs, nous avons toujours procédé comme cela et par analogie à la couleur existante, quand le modèle existe. Mais attention à l’éclairage, Bernard a eu le souci avec son Berliet réel qui était sous abri…
Vaste sujet !